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Gratuité

Les logiciels libres sont gratuits, comment est-ce possible ?
Le sont-ils toujours ?

Des logiciels déjà payés

Les logiciels libres sont gratuits car ils ont déjà été payés. En consacrant du temps et de l'argent à leur développement, les contributeur·rice·s participent ensemble à l'élaboration de ces outils afin de les mettre à disposition de tout le monde. C'est ainsi que des logiciels comme LibreOffice (suite bureautique) ou The GIMP (édition et retouche d'image) permettent sensiblement la même chose que leurs alternatives payantes. Des projets comme Wikipédia ou Framasoft vivent uniquement grâce aux dons des utilisateur⋅rice⋅s qui n'achètent pas de produit mais participent à une économie alternative pour entretenir des communs numériques.

Des services en ligne

Certains logiciels sont des services en ligne. Ils permettent d'accéder à des outils avec un navigateur sans avoir besoin d'installer le logiciel sur son ordinateur. Afin de mettre à disposition de tels services, l'hébergeur a besoin de serveurs et de temps pour s'en occuper. Si certains outils sont peu coûteux à mettre en place, d'autres peuvent demander plus de ressources. Par exemple la mise à disposition d'un espace de stockage requiert d'avoir suffisamment de disques durs pour tout stocker et assurer des sauvegardes, voire de sous-traiter l'infrastructure technique auprès d'un fournisseur de serveurs.

Les hébergeurs professionnels, même s'ils proposent des services basés sur des logiciels libres, doivent à minima faire payer l'hébergement pour couvrir leurs coûts d'infrastructures et les salaires. De même, les hébergeurs associatifs, qu'ils emploient des professionnel⋅le⋅s ou non, peuvent demander une une participation financière ou inciter à effectuer un don. Ce n'est pas le logiciel libre que l'on paye, mais le service.

Mais Google c'est gratuit

Et pourtant, Google est l'une des entreprises les plus riches au monde. Lorsqu'on utilise les services gratuits d'une telle entreprise, on ne paye pas en argent mais en attention et en données personnelles. Les véritables clients des GAFAM ne sont pas les utilisateur⋅rice⋅s des services gratuits, mais les annonceurs à qui sont vendus des espaces publicitaires ou les courtiers de données qui, grâce à leurs techniques d'exploration de données, effectuent des plus-values énormes en revendant des profils à d'autres clients.

La récolte, l'extraction et l'exploitation des données personnelles posent de sérieux problèmes de confidentialité et participent à une économie où peu d'acteurs accaparent un grand pouvoir. Grâce à leurs services qu'on ne paie pas avec de l'argent, certaines entreprises se sont rendues presque indispensables dans nos vies quotidiennes. Nous leur conférons sans vraiment le vouloir un pouvoir énorme sur beaucoup d'aspects de nos vies publiques ou privées.

Pourquoi payer pour des services ?

L'hébergement de services en ligne a un coût. Ces services tournent sur les ordinateurs de l'hébergeur, qui doit assurer les coûts matériels (serveurs, disques durs, etc.), la connexion Internet, mais aussi la main-d'œuvre pour la mise à disposition et la maintenance, la sécurisation des données, etc.

Rétribuer un hébergeur éthique, c'est contribuer à une économie solidaire, basée sur l'échange et le partage de compétences.

Passer par une structure plus humaine permet non seulement la création de lien social, mais aussi d'agir directement sur les outils que l'on utilise afin de les faire évoluer en fonction de ses besoins. Ainsi il n'est pas rare qu'une entreprise ou une association spécialisée en logiciels libres contribue aussi au développement des logiciels qu'elle utilise. La boucle a tendance à être vertueuse.

Il existe beaucoup d'hébergeurs éthiques. Par exemple, les CHATONS s'engagent via un manifeste et une charte commune à respecter les utilisateur·rice·s tout en offrant de manière transparente des services libres à un prix raisonnable et en adéquation avec les coûts de mise en œuvre. Vous pouvez trouver le CHATONS qui vous convient sur chatons.org !

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Payer ou ne pas payer est un choix qui se mesure à l'aune de la confiance qu'on a envers l'autre partie. Une solution propriétaire gratuite peut devenir payante du jour au lendemain, et les utilisateur⋅rice⋅s se retrouvent alors captif⋅ve⋅s d'un choix qu'il⋅elle⋅s n'ont pas voulu faire au départ.

Payer pour un service libre peut paraître étrange : enfin, vous savez ce vous payez et pourquoi vous le payez !

On peut mentionner l'exemple du service Doodle fourni par la société suisse Doodle AG. Cette société fournissait gratuitement un outil de sondage et d'agenda collaboratif célèbre et vendait de l'espace publicitaire. En 2019, elle a décidé subitement de rendre ce service payant avec une version d'essai très restreinte. Les utilisateur⋅rice⋅s qui avaient pris l'habitude d'utiliser ce service pendant des années ont alors dû faire un choix contraint. L'association Framasoft propose depuis longtemps une alternative très efficace nommée Framadate…