l'éthique n'en est pas moins importante.
Dans ce contexte, l'Économie Sociale et Solidaire parle peu ou prou le même langage. En effet la gouvernance classique des entreprises et des institutions est généralement pyramidale, avec une forme de centralisation de l'information pour des besoins de contrôle. Dans un modèle coopératif, au contraire, la solidité de la structure dépend de plusieurs niveaux démocratiques de régulation, ce qui aboutit à une décentralisation des instances décisionnelles. Cela traduit un besoin très fort d'autonomie numérique. En effet, il serait parfaitement contre-productif de recentraliser la décision en utilisant les services Internet d'une seule entreprise hégémonique : cela revient à mettre en danger les données de toutes les personnes utilisatrices, rendre les processus décisionnels dépendants d'un acteur tiers dont la confiance et la fiabilité peuvent être mises en doute, et cela remet aussi en cause l'autonomie numérique de l'organisation qui les utilise.
Les valeurs de l'ESS, en particulier dans le monde associatif, vont presque naturellement à l'encontre des pratiques numériques marchandes. Même s'il n'est pas toujours facile et souvent coûteux de mettre en place des systèmes d'information et de communication autonomes et basés sur des logiciels libres, il est de plus en plus indispensable de le faire. On peut suivre pour cela l'exemple des CEMÉA, avec le projet Zourit.
Les compétences n'étant pas toujours disponibles, le grand principe de solidarité doit alors jouer à plein : mutualiser ces compétences entre organisations de l'ESS, faire appel à des acteurs éthiques et solidaires faisant eux-mêmes partie de l'ESS, évaluer la confiance dans ces acteurs éthiques, essaimer les pratiques de manière à favoriser la décentralisation d'Internet et l'autonomie de tou⋅te⋅s.